J'ai encore englouti la moitié d'un paquet de gâteau bien gras à la sortie de ma sieste. Encore les idées aux vagues, entre cauchemars et réalité, j'avais toujours la nette impression d'être poursuivie par une horde de jeunes cons en buvant mon thé "aux 4 fruits rouges".
Les cheveux graisseux, les lèvres et les ongles en sang, non franchement, je déteste qu'on s'attendrisse sur moi. Encerclée par vos yeux de chiens battus, et vos blouses fondues dans un mélange grisâtre. Oui, les lavages à 30° n'excluent pas la persistance de quelques tâches de caféïne. Non, je ne vous donnerai en aucun cas la liste de ce que je prends, allez vous faire foutre.

photographie - The Cramps

Aujourd'hui, j'ai pris le temps de m'assoir tranquillement devant le fénestron familial. Leurs visages s'y succèdent, le nouveau envoyant l'ancien aux oubliettes, mais pourtant le même fond tenace y réside. La même vocation inébranlable. L'homme à l'irrésistible costard tiré à 4 épingles, si neuf qu'on imagine sans peine l'étiquette fraichement enlevée, aboie d'absurdes questions à de malheureux nantis. Aveuglés par les couleurs saturées  de la veste du présentateur, leurs seul désir est d'un jour la rêvetir. Le studio scintille, reluit et éblouit l'oeil du manant jettant à l'aveuglette quelques brides de mots éparses. Tout n'est qu'illusion.

photographie - Syd Barett

C'est tellement jouissif de s'abrutir devant des vieux films kitchs, puisque gore à s'en tordre les boyaux. Des scènes tremblotantes filmées au bort de l'autoroute A26, à la lumière d'un lampadaire public, là où le métal devient plastique et l'hémoglobine gelée de fruits rouge.
Moi, j'aime engluer mes neurones.

photographie - Amy Stein

Il est 12h17, nous sommes le 21 décembre 2009, et je m'emmerde. Si bien, que je n'ai rien trouvé de mieux à faire que d'aller étaler ma petite existence de ratée incomprise par ici. Moi et mon exécrable cynisme, capable d'asperger n'importe quel semblant de naïveté au vitriol, de dépeindre non sans moqueries ce qui m'entoure. TOUT ce qui m'entoure. Je vous hais tous, j'aime pas les gens, les gens c'est le pire.

photographie - Amy Stein

Aujourd'hui, j'ai disserté sur du Houellebecq. Oui, tout est dit en 3 mots.  Disserté, si  tenté  que l'exercice y ressemble. J'appelle dissertation tout ce qui est d'ordre inutile. Houelebecq, il y a bien pire, pour sûr, et bien mieux, bien sûr... Mais voila, tout l'invraisemblable est là, non seulement "du" Houellebecq est à commenter mais il s'agit surtout de perdre 3 heures sur un mec qui ne sait que faire... Nan, je ne l'aurais vraiment pas deviné 6 heures auparavant, paquet de copie encrée à la main.

photographie - Sarah Moon

Vidée de tout, les nausées me torturant jusqu'à vouloir entierment recracher mes tripes, une violente envie de faire ressortir tous ce que contient ce corps moite... Yep, je suis tout simplement ridicule, voila ce que je me serais dis en circonstances normale, toute emprunte de cynisme que je suis, normalement. Mais la lucidité est même totalement absente chez moi, et quand bien même je m'agite frénétiquement sans pouvoir être capable de me tenir à la verticale, je n'ai fais que l'approuver, ça me tuera.

Le quotidien d'une classe d'art appliqués, c'est tout de même pas mal de sueur et de larmes. Et c'est tout à fait compréhensif dans la mesure du possible, puisque lorsque il s'agit de rendre un dossier comptant plusieurs semaines d'acharnement et de nombreuses recherches personnelles à l'appui, raté, sera toujours plus difficile à ingurgiter qu'une feuille bourrée d'equations rendue à la miable. Bref, loin de là, la vocation de me faire avocat de la veuve et de l'orphelin, mais au sein d'une pareille classe, on peut assister à des phénomène relevant presque de l'absurde. Le syndrome d'une génération s'étant abetit devant les talkshows de TF1, c'est d'applaudir le "gagnant"?

J'avais 5 ou 6 ans lors des faits et mes parents m'avaient alors offert un vélo. Ce  dont  je  me  souviens c'est que j'y passait le plus clair de  mon temps  à circuler sur les dalles de béton disposés devant le tas de pierre qu'on appelait maison. Lorsque la soif me prenait alors à la gorge, j'abondonnais mon très cher véhicule pour penetrer à travers le couloir poussiéreux et m'enfoncer dans une pièce dont la peinture turquoise s'écaillait sur le carellage impur.  J'y percevais mon visage creusé par l'immense felure du miroir... Les premiers souvenirs de ce taudis remontent en moi...   

Je l'ai retrouvé coincé entre un pan de mur platreux et une planche en aglo vernie Là parmi quelques vingtaines de disques rangés. Intact, mis à part quelques égratinures: les synthés toujours un peu suiteux et surrannés, cette voix incomparable (l'héroïne porte ses effets), et ces reprises indémodables et ses inséparables souvenirs de dimanches soirs pluvieux postée dans le salon à l'écouter, Marianne.

photographie - M.Faithfull

De longues coulées tiedes s'eternisent sur mes joues et scintillent grâce à la lumière de l'écran. Mes yeux, éclatés scrutent le gris delavé et les silhouettes d'arbres au travers des rideaux. Je suis là, postée derrière cette fenêtre, les mains moites et les gestes vagues et indécis. Sale temps pour aller fumer une cigarette... pourtant j'en ai bien envie.

photographie - B.R.M.C.